Sous tension après sa défaite en cinq sets, Jaume Munar a vivement critiqué l’ambiance qu’il juge toxique à Roland-Garros.
Ils étaient tous debout. Cris, chants, applaudissements, chaque point d’Arthur Fils devenait une célébration. Dans cette marée sonore du court Suzanne-Lenglen, un homme, lui, semblait s’enfoncer. Pas physiquement, non. Mais intérieurement. Ce jour-là, Jaume Munar n’a pas seulement perdu un match en cinq sets à Roland-Garros. Il a eu le sentiment de jouer contre une salle entière.
Une ambiance survoltée, une tension palpable
On a beau être pro, préparer chaque tournoi avec rigueur, rien ne vous prépare vraiment à un public survolté qui pousse chaque soupir au rang d’hostilité. Jaume Munar l’a vécu de plein fouet à Roland-Garros. Après avoir bataillé cinq sets contre Arthur Fils, en remontant deux manches pour égaliser, il pensait sans doute avoir inversé la tendance. Mais le cinquième set, chauffé à blanc par le public, lui a échappé. Et ce n’est pas tant la défaite qui l’a piqué que cette atmosphère qu’il a trouvée presque irrespirable.
Quand il s’est présenté devant les journalistes, pas de langue de bois. Il a parlé d’un « climat malsain », d’un match haché par les chants, les interruptions, le vacarme incessant. Ce n’est pas la première fois qu’un joueur étranger pointe du doigt l’ambiance très « chauvine » de Roland-Garros, mais ses mots à lui étaient particulièrement directs. Pas de détour, il a parlé de cirque, de théâtre. Pour lui, un match de tennis ne devrait pas devenir un combat de tribunes. Pas à ce point.
Une atmosphère unique… mais pour qui ?
Le public parisien est particulier. Il aime prendre parti, faire corps avec le joueur français. On le sait. Et il ne s’en cache pas. Cette chaleur, beaucoup la trouvent galvanisante, presque romantique. D’autres, comme Jaume Munar à Roland-Garros, la vivent comme une agression. Tout dépend sans doute de quel côté du filet on se trouve.
Lui n’a pas critiqué le soutien en soi. Ce qui l’a choqué, c’est ce qu’il perçoit comme un manque de respect du jeu. L’absence de silence, le refus de laisser le point se jouer tranquillement, le vacarme jusque dans les moments décisifs. Ce n’est pas qu’une question de préférence. Il a fait une comparaison qui a sonné comme une claque : à l’US Open ou à l’Open d’Australie, dit-il, l’ambiance est électrique, mais les gens restent à leur place. Ils regardent un match, pas une pièce où ils sont les acteurs.
Il va même plus loin : pour lui, ce public est le plus agaçant du circuit. Ce n’est pas une pique lancée à la volée, c’est une conviction. Il l’a formulée avec calme, mais avec une certaine lassitude. On sent qu’il avait besoin de le dire. Et ce n’est sûrement pas la première fois qu’il le pense.
Roland-Garros : un tournoi sous pression pour Jaume Munar
En réalité, cette sortie de Jaume Munar à Roland-Garros dit quelque chose de plus large que le match en lui-même. Elle raconte le choc entre deux visions du tennis. Celle qui veut que le joueur reste au centre, que le public soit là pour soutenir, mais sans interférer. Et celle, plus passionnée, où les tribunes deviennent partie prenante du spectacle.
Le problème, c’est que les joueurs ne viennent pas pour entendre chanter la Marseillaise ou des « Allez ! » à chaque coup droit raté. Ils viennent pour jouer, pour se concentrer. Et quand la frontière entre enthousiasme et pression se brouille, ça déborde.
Jaume Munar n’est pas le premier à le dire. Il ne sera pas le dernier non plus. Reste à savoir si ces plaintes resteront des coups d’épée dans l’eau ou si elles finiront par faire réfléchir sur la place du public dans ce tournoi si particulier. Car à trop vouloir enflammer les gradins, on risque parfois de brûler l’essence même du jeu.