Alors que les concessions des autoroutes arrivent à échéance en 2031, le gouvernement écarte déjà toute idée de rendre l’accès gratuit.
La question fait rêver plus d’un conducteur : rouler librement, sans avoir à sortir la carte bleue à chaque barrière. La gratuité des autoroutes avait tout d’un horizon possible, surtout avec la fin annoncée des concessions à l’horizon 2031. Mais le gouvernement vient de refroidir les espoirs. Pas de cadeau en vue. Pas même l’ombre d’un virage. L’État semble bien décidé à garder la main sur les recettes des péages.
Pas de cadeau sur l’asphalte : l’État garde la recette
Les contrats de concession, notamment ceux confiés à Vinci ou à Eiffage, arrivent à échéance. À partir de 2031, des kilomètres d’autoroutes vont être rendus à l’État. Ce moment devient au contraire un levier stratégique pour les finances publiques.
François Bayrou, ancien Haut-Commissaire au Plan, l’a d’ailleurs dit sans détour : ces recettes doivent servir à financer des projets de transport plus durable. Et il n’est pas le seul à le penser. Le sénateur Hervé Maurey, voix influente sur ces sujets, voit là l’occasion de tout repenser. Mais sûrement pas de faire un cadeau aux automobilistes. L’idée d’un nouveau modèle de concession, plus court, mieux encadré, refait surface. Ce que Maurey défend, c’est une redistribution plus intelligente de l’argent collecté aux péages — pas sa suppression.
Autoroutes : fin de concession, mais pas fin du péage
L’État ne veut pas seulement conserver les revenus des autoroutes. Il veut les réorienter. Et surtout, éviter que la gratuité des autoroutes ne devienne un piège à long terme. Car si l’accès devenait gratuit, qui paierait ? Le contribuable, forcément. Et avec des finances publiques déjà sous pression, il est difficile d’imaginer le gouvernement faire ce choix.
Maurey l’explique clairement : il ne s’agit pas de baisser les tarifs, mais de les utiliser autrement. Une partie du « surplus » récolté pourrait, par exemple, financer l’entretien des routes secondaires, voire aider à développer le transport ferroviaire. On ne parle pas de faire plaisir à l’usager à court terme, mais de bâtir un écosystème de mobilité plus équilibré.
Un système à réinventer
Au-delà du refus de la gratuité des autoroutes, c’est tout le modèle de gouvernance qui est sur la table. Hervé Maurey plaide pour des concessions de durée plus courte, moins de quinze ans, avec des points d’étape pour ajuster la rentabilité. Il veut limiter les zones confiées aux sociétés privées, mais aussi inclure les collectivités locales, les professionnels, les métropoles dans la réflexion.
Selon lui, tout est à reconstruire, et vite. Il ne s’agit pas simplement de colmater ou de réaménager l’existant, mais bien de redessiner un cadre complet. Moins opaque, plus souple, plus vert aussi. L’argent des péages ne doit plus dormir dans les bilans d’un opérateur privé. Il doit circuler, irriguer la transition écologique, moderniser les infrastructures, soutenir une politique des mobilités plus cohérente avec les enjeux d’aujourd’hui.
Alors non, la gratuité des autoroutes ne viendra pas soulager les portefeuilles à la barrière de péage. Mais une nouvelle approche pourrait, à terme, bénéficier à l’ensemble des usagers. Reste à voir si l’État saura transformer cette manne en projet d’avenir — ou s’il continuera, comme souvent, à rouler sur la voie la plus confortable.