De plus en plus de Français gardent de l’argent liquide chez soi, mais au-delà d’un certain montant, l’État vous surveille.
Beaucoup en parlent à voix basse. Certains l’assument carrément. Et puis il y a ceux qui planquent discrètement quelques billets sous le lit, « au cas où ». Une vieille habitude qu’on pensait reléguée aux années 80, mais qui revient en force. En cause ? Un cocktail de crises, de méfiance envers les banques et de frayeurs numériques. L’argent liquide à la maison est redevenu un réflexe presque instinctif. Un geste de survie, ou de prudence. Pourtant, cette pratique soulève pas mal de questions. Entre la légalité, les risques, les limites à ne pas dépasser… il y a matière à creuser.
Le fisc n’aime pas les grosses liasses sous les matelas
Techniquement, rien ne vous interdit de conserver des billets chez vous. Il n’existe pas de texte de loi qui limite formellement la somme. Vous pouvez très bien dormir au-dessus de 8 000 euros sans que ce soit illégal. Mais voilà : dès que la somme devient un peu trop rondelette, les autorités peuvent tiquer. Au-delà de 10 000 euros, mieux vaut avoir une explication claire et des justificatifs solides. Sinon, bonjour les soupçons. Blanchiment, fraude, argent non déclaré… Les contrôles fiscaux ne plaisantent pas avec ce genre de choses.
Le fisc fonctionne à la cohérence. Si vous êtes cadre supérieur et qu’on découvre 12 000 euros dans votre placard, ça passe peut-être. Mais si vous êtes au SMIC et que vous en avez autant dans une vieille boîte à biscuits, attendez-vous à devoir répondre à quelques questions. Et parfois, ce n’est même pas le fisc qui découvre le pot aux roses, mais un cambriolage, un dégât des eaux, une dénonciation… Les chemins sont multiples pour que la question ressorte. Et elle ressort toujours.
L’argent liquide à la maison n’échappe pas aux frontières
Ce qu’on garde chez soi, c’est une chose. Mais ce qu’on transporte, c’est encore une autre paire de manches. En France, pas de limite sur ce que vous avez dans les poches tant que vous ne sortez pas du pays. Dès que vous passez une frontière, même en voiture, même dans l’Union européenne, c’est une autre histoire. Au-dessus de 10 000 euros — billets, chèques, mandats, métaux précieux —, vous devez déclarer. Et ça vaut aussi pour les couples. Deux conjoints ensemble ? Le total ne doit pas excéder 10 000, pas 20 000. Une erreur fréquente, et qui peut coûter cher.
C’est un détail qui échappe à beaucoup, mais qui peut vite tourner à la mauvaise surprise. Amende, saisie, enquête… On ne rigole pas avec ça. Et même si vous restez en France, n’oubliez pas : l’argent liquide à la maison reste vulnérable. Cambriolage, incendie, oubli, perte… Contrairement à un compte en banque, vous n’aurez aucun recours si tout disparaît. Et les assurances ? Elles couvrent rarement au-delà de quelques centaines d’euros non déclarés. Autant dire qu’à partir d’un certain montant, c’est un pari risqué.
Garder du cash
On ne va pas se mentir : avoir un peu de liquide à portée de main, ça rassure. Une panne réseau, un problème bancaire, un terminal de paiement en carafe… Le scénario n’a rien de fictif. Et dans ces cas-là, quelques centaines d’euros dans un tiroir peuvent faire toute la différence. D’ailleurs, certains pays comme la Suède ou les Pays-Bas recommandent officiellement à leurs citoyens de garder du cash chez eux pour les situations d’urgence.
En France, le sujet est encore sensible. L’ombre d’éventuelles cyberattaques, les tensions géopolitiques, ou simplement la défiance envers le système bancaire suffisent à remettre l’idée sur la table. Mais on ne le dira jamais assez : avoir de l’argent liquide à la maison n’est pas anodin. Il faut le gérer avec prudence, discrétion et logique. Garder les preuves de ses retraits, éviter d’accumuler, penser à la sécurité du lieu où il est rangé… Ce sont des détails, mais ils changent tout en cas de pépin.
Et puis, il y a aussi le facteur psychologique. L’argent visible, palpable, donne l’impression de richesse immédiate. Mais c’est aussi une tentation constante : un billet qui traîne est un billet qu’on a vite fait de dépenser. À l’inverse, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on range sur un livret, on le touche moins facilement. Le cash a ses avantages, mais aussi ses pièges.
En bref, le cash à domicile n’est ni une hérésie ni une solution miracle. Juste un outil à utiliser avec bon sens. L’argent liquide a encore sa place, tant qu’on reste lucide sur les limites et les risques. Pas besoin de se construire un bunker à billets, mais un petit coussin de sécurité, pourquoi pas. À condition que le matelas ne devienne pas un coffre-fort clandestin.