Jeudi 22 mai 2025 sur BFM TV, Anthony Delon a brisé le silence sur le testament de son père, Alain Delon. Une chose est sure, il n’y est pas allé de main morte.
Le testament d’Alain Delon n’était pas censé diviser. Et pourtant, il est en train de faire exactement ce que son auteur redoutait : raviver de vieilles blessures, réactiver les rancunes et faire éclater au grand jour ce que la famille tentait, tant bien que mal, de garder entre ses murs.
Une décision qui redistribue les rôles… et les ressentiments
Alain Delon est décédé le 18 août 2024. Il avait 88 ans, une carrière immense derrière lui et des silences encore plus lourds que sa filmographie. Mais ce n’est pas son œuvre qui alimente les conversations ces derniers jours, c’est ce qu’il a laissé derrière lui. Ou plutôt, à qui il l’a laissé.
En 2022, le guépard aurait modifié son testament, attribuant à sa fille Anouchka le « droit moral » exclusif sur l’ensemble de son image et de son œuvre. Autrement dit, c’est elle, et elle seule, qui décide désormais de ce qui peut être fait ou non avec l’héritage artistique de son père. Ce choix, révélé en détail dans le livre Les Derniers jours du Samouraï de Laurence Pieau et François Vignolle, a immédiatement rouvert une plaie. Le même jour que la sortie de l’enquête, Anthony Delon s’est exprimé sur BFM TV. Sans surprise, le réalisateur n’a pas mâché ses mots. Pour lui, ce changement est un camouflet, une façon de l’exclure symboliquement de ce que son père représentait.
Selon lui, ce choix est un « pied de nez » et un « déni de paternité », tout en essayant de relativiser la portée réelle de ce droit moral, affirmant qu’il n’a aujourd’hui « presque plus de valeur » puisque l’acteur avait déjà vendu l’essentiel de ses droits à Pathé. Ce qui reste, selon l’aîné du clan, c’est surtout une charge symbolique, une manière de faire comprendre à deux fils qu’ils ne sont pas les garants de l’image Delon. Même s’il dit ne pas en vouloir à sa sœur, le malaise est là. Et il est bien réel.
Alain Delon : un testament révélateur
L’affaire ne date pas d’hier. En janvier 2023, Anthony Delon avait déjà posé une première pierre dans ce mur de ressentiments. Il révélait avoir déposé une main courante contre Anouchka. Il l’accusait d’avoir caché à ses frères des informations importantes sur l’état de santé de leur père. Des tests, selon lui, montraient des signes de déclin cognitif. Elle aurait choisi de taire les résultats. Pour protéger leur père ? Pour en tirer un bénéfice personnel ? C’est là que les versions divergent, et que l’histoire devient une partie d’échecs familiale où chacun avance ses pièces, attaque ou se défend.
Anouchka, elle, n’a pas laissé passer l’accusation. Plainte pour diffamation, dénonciation calomnieuse, menace et harcèlement… la jeune femme a pris les choses en main. Et puis cette autre accusation : celle d’avoir incité Alain Delon à rester en Suisse. Anthony Delon y voit une manœuvre fiscale. Il dit que sa sœur craignait que leur père soit requalifié comme résident français. Ce que cela implique, tout le monde le comprend. Mais est-ce vrai ? Ou est-ce une interprétation parmi d’autres, dans une famille où les silences pèsent plus lourd que les mots ?
Anouchka a eu son droit de réponse, elle aussi. En direct sur TF1, elle a dit n’avoir jamais menti, n’avoir rien caché. « Les informations appartiennent à mon père », a-t-elle insisté. Autrement dit, ce n’était pas à elle de les transmettre. Elle semblait sincère. Mais avec ce genre d’histoire, la vérité est rarement simple.
Un héritage qui déchire
La mort d’un père, surtout d’un père comme Alain Delon, c’est un cataclysme intime. Et quand ce père est aussi une icône nationale, ce deuil devient presque impossible à vivre en silence. Tout est public. Tout est commenté. Le moindre geste, la moindre déclaration, le moindre soupir est disséqué.
Le testament d’Alain Delon n’a pas simplement redistribué des biens. Il a mis à nu les failles d’une famille déjà cabossée. Trois enfants, trois rapports au père, trois visions de l’héritage — au sens large du terme. Et, dans le fond, peut-être une même envie d’être reconnu, vu, entendu. Ce qui a toujours été compliqué avec Alain Delon, même pour ceux qui portaient son nom.
Anthony Delon le confirme aujourd’hui : « J’ai fait la paix avec mon père ». Il souligne même que ce dernier a fait un geste fort envers son plus jeune fils, Alain-Fabien, en le désignant comme sa « personne de confiance ». Un signe, selon lui, d’une volonté de réparer ce qui a été abîmé.
Il reconnaît aussi la qualité de l’enquête menée dans le livre. En effet, il n’est pas dans le dénigrement systématique. Il demande juste qu’on prenne un peu de recul. Parce que, dans ce genre d’histoire, les émotions débordent vite, et la réalité se brouille. Trop de gens s’en mêlent. Trop de récits se croisent.
Mais une chose est claire : le testament d’Alain Delon restera, malgré lui, un chapitre à part entière dans la saga de ce nom mythique. Pas pour ce qu’il lègue, mais pour ce qu’il révèle. Et ça, aucun notaire ne peut vraiment l’écrire.