Symbole sucré du savoir-faire français, La Cure Gourmande vacille : l’entreprise vient d’être placée en liquidation judiciaire à Montpellier.
Derrière ses boîtes colorées et ses douceurs d’antan, l’histoire se gâte. Personne n’imaginait voir une enseigne aussi ancrée dans le paysage français flancher aussi brutalement. Et pourtant, c’est officiel : le tribunal de commerce de Montpellier a tranché. La Cure Gourmande, cette marque au charme rétro avec ses biscuits à l’ancienne et ses bonbons acidulés, est désormais en liquidation judiciaire. Derrière cette décision, ce sont 120 salariés qui retiennent leur souffle. À Narbonne, à Frontignan, et un peu partout en Occitanie, les visages sont tendus. Personne ne sait ce que demain réserve.
Une entreprise secouée par les vagues
Cette liquidation judiciaire de La Cure Gourmande n’arrive pas par surprise. Ceux qui suivent l’actualité économique de la région savent que l’enseigne luttait déjà pour rester à flot. Il y avait eu un redressement en 2019. Une période difficile, puis une éclaircie. La marque avait réussi à se redresser après cette première tempête, portée par un regain de ventes après le Covid. On avait cru à un nouveau départ.
Mais ces derniers mois, les nuages sont revenus. L’inflation, les coûts des matières premières en hausse constante, un marché tendu… et l’essoufflement d’un modèle économique trop dépendant d’une image un peu figée. La société a été officiellement déclarée en cessation de paiements le 7 mars 2025. Depuis, l’étau s’est resserré. Et les juges n’ont pas eu d’autre choix que de prononcer ce que personne ne voulait entendre : la liquidation judiciaire.
Il y a derrière tout ça une forme d’amertume. Une entreprise née en 1989, qui a grandi à force de travail, de passion pour l’artisanat, de biscuits joliment rangés dans des boîtes qui faisaient autant plaisir aux yeux qu’aux papilles. Tout ça semble s’effondrer sur une question d’équilibre fragile, de marges minces, de trésorerie à bout de souffle.
La Cure Gourmande : encore debout, mais pour combien de temps ?
Pour l’instant, tout continue, presque comme si de rien n’était. Les boutiques sont ouvertes. Les clients y entrent, parfois sans savoir. Les ateliers de fabrication tournent encore, à Narbonne et à Frontignan. Mais l’ombre est là, bien présente. Le 30 juin, si aucun repreneur ne s’est manifesté, ce sera le clap de fin définitif.
Les juges ont accordé un sursis. Quelques semaines pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être. Mais trouver un repreneur dans un contexte aussi incertain relève presque du miracle. Et c’est là qu’on mesure toute la violence discrète d’une liquidation judiciaire de La Cure Gourmande. Ce n’est pas une fermeture brutale. C’est une attente suspendue. Une lente descente vers un possible arrêt total.
Ce que vivent aujourd’hui les salariés, c’est cette tension permanente entre le « tout fonctionne encore » et le « tout pourrait s’arrêter ». Les clients posent des questions. Certains n’osent plus acheter, comme si ça ne servait à rien. D’autres, au contraire, viennent exprès, par solidarité. Une dernière boîte de madeleines comme un geste de soutien.
Il reste cette petite flamme, malgré tout. Peut-être qu’un groupe, un entrepreneur, une coopérative… quelqu’un aura l’audace de relancer l’histoire. Peut-être, rien n’est encore perdu. Mais ce qui est sûr, c’est que la liquidation judiciaire de La Cure Gourmande n’est pas qu’une ligne dans un journal économique. C’est un coup porté à une entreprise qui faisait partie du paysage, une vitrine du savoir-faire sucré à la française, un petit bout de patrimoine local. Et ce genre de disparition laisse un goût amer, même quand on a encore des douceurs en rayon.
