Ce lundi 19 mai 2025, un violent incendie a ravagé la menuiserie Beauné-Lamouret, semant l’émoi à Gasny, dans l’Eure.
Il était environ 15 heures, ce lundi 19 mai, quand le ciel de Gasny s’est teinté d’un noir épais. Depuis la route, on voyait la fumée s’élever comme un cri muet. Un événement qu’aucun habitant n’aurait imaginé : un incendie à la menuiserie Beauné-Lamouret. Ce n’était pas qu’une entreprise qui partait en fumée, mais un pan de vie locale, une fierté artisanale.
Incendie à la menuiserie Beauné-Lamouret : une intervention musclée
Quand les pompiers sont arrivés, la situation était déjà très tendue. Trois bouteilles de gaz avaient explosé avant même leur arrivée. Sur place, il y avait tout ce qu’il faut pour nourrir un feu violent : une citerne de 2 000 litres de gasoil, plusieurs bouteilles de gaz, et trois véhicules stationnés à quelques mètres du brasier.
Ils étaient 21 soldats du feu, venus de Vernon, Bonnières et Magnanville, à lutter pendant des heures. Quatre lances, dont une à grande échelle, ont été mobilisées pour éviter le pire. Et même si la priorité était claire : contenir l’incendie, empêcher qu’il ne dévore tout ce qui l’entoure, certains dégâts étaient inévitables. Le cœur de l’usine de 200 m² n’a pas tenu. Bois, PVC, machines-outils… plus rien n’a résisté.
Malgré tout, quelques éléments ont été sauvés in extremis : les trois voitures à proximité et un bâtiment annexe. Les pompiers sont restés sur place jusqu’à 23 heures pour éviter toute reprise.
Un coup dur pour une entreprise humaine
Christophe Lamouret avait le regard vide, celui de quelqu’un qui vient de perdre plus qu’un outil de travail. Le feu a pris au niveau du système d’aspiration, juste au-dessus de la cour où il était en train de travailler. Il a tout de suite couru prévenir son salarié, Koé Vieillard, qui était encore à l’intérieur sans se douter de rien, puis a appelé les secours. Mais en quelques minutes, tout était déjà en train de s’écrouler.
« J’ai tout perdu », souffle-t-il alors, sans théâtre, juste avec cette sincérité brute qu’on entend chez ceux qui ont construit quelque chose de leurs mains. Depuis plus de dix ans, il pilotait la menuiserie créée par son père, Joël Lamouret, et Alain Beauné, en 1993. Huit salariés, une spécialisation dans la fabrication et la pose sur mesure : portes, fenêtres, volets, charpentes, terrasses… Le tout en bois, PVC ou aluminium. L’entreprise était labellisée « Éco Artisan RGE » depuis 2014 et reconnue pour son expertise en rénovation énergétique depuis 2017.
Aujourd’hui, tout s’arrête net. Les salariés sont au chômage technique, pour une durée indéterminée. Ce n’est pas seulement une entreprise sinistrée, c’est une équipe, un savoir-faire, un lien avec la clientèle de la région. Ceux qui les connaissaient parlent d’une boîte à taille humaine, réactive, fiable, attentive aux besoins. « C’est plus qu’une menuiserie », glisse un couple d’amis venu soutenir Christophe. Eux aussi ont du mal à croire à cet incendie brutal et injuste.
Il faudra rebâtir. Ce ne sera pas simple, mais le nom, lui, ne partira pas en fumée. Trois décennies de travail ne s’effacent pas comme ça. Et dans la tête de Christophe Lamouret, une chose est déjà claire : l’histoire de l’incendie ne sera pas la fin de cette entreprise.