Cet été, six communes littorales imposent une nouvelle interdiction qui risque de gâcher les plans des fans de fourgons aménagés.
L’été s’annonce tendu pour les voyageurs nomades. Un vent de colère souffle sur la communauté des voyageurs en van. Loin des clichés de vacanciers sauvages ou de campeurs négligents, ce sont des familles, des retraités, des jeunes en quête de nature qui se retrouvent visés. En quelques semaines, six communes du littoral ont annoncé l’interdiction des fourgons aménagés la nuit sur leur territoire. Pas de demi-mesure. Pas de nuance. Juste une interdiction sèche, brutale, qui tombe à l’aube de la saison estivale. La décision passe mal. Pour beaucoup, c’est un coup de massue porté à un mode de vie qu’ils considèrent comme libre, responsable et en phase avec l’environnement. Une claque d’autant plus douloureuse qu’elle tombe sans concertation réelle.
Fourgons aménagés : une décision qui divise et crispe le terrain
Les maires, eux, défendent leur choix. Face à l’explosion du nombre de vans et de camping-cars stationnant sur les parkings côtiers, ils évoquent :
- la pression sur les écosystèmes
- les problèmes de propreté
- les nuisances sonores
- les tensions avec les riverains.
« On n’a rien contre les voyageurs, mais il faut protéger nos paysages et préserver la tranquillité locale », explique l’un d’eux. C’est la version officielle. Sur le terrain, ce n’est pas si simple. Beaucoup de propriétaires de fourgons affirment voyager proprement, en autonomie, sans déballer leur vie sur les trottoirs ou polluer les plages. Ce qu’ils perçoivent, eux, c’est une stigmatisation collective, un rejet global pour quelques excès isolés. Et l’interdiction des fourgons aménagés apparaît comme un raccourci. Une réponse de facilité, là où une nouvelle réglementation plus fine aurait pu suffire.
Maxime, 36 ans, baroudeur en van depuis 5 ans, raconte : « J’ai fait aménager mon fourgon moi-même. C’est mon cocon, mon outil de voyage, pas un squat roulant. Je dépense local, je respecte les lieux, et aujourd’hui, on m’interdit de rester une nuit. Même sur un parking désert. C’est violent, comme message. » Le sentiment d’exclusion est palpable. Chez beaucoup, la décision passe comme une trahison. Une négation pure et simple de leur mode de vie, pourtant en plein essor. Avec la crise du logement, les envies de mobilité, de simplicité, les vans attirent toujours plus de monde. Bloquer cet élan au lieu de l’encadrer intelligemment, c’est, selon eux, aller droit dans le mur.
Une économie locale menacée
Ce que ces arrêtés municipaux oublient, volontairement ou non, c’est l’impact économique. Les voyageurs en van ne vivent pas coupés du monde. Ils consomment, souvent plus qu’on ne le croit. Essence, repas, petits commerces, musées, marchés… Leur passage fait vivre des zones parfois désertées hors saison. En s’attaquant à eux, on touche aussi les restaurateurs, les boulangers, les librairies de village. Cette interdiction des fourgons aménagés ne freine pas seulement des vacanciers nomades, elle assèche tout un micro-tourisme. Des maires commencent à s’en rendre compte. Face à la fronde et aux plaintes d’associations, des idées émergent : aires dédiées en périphérie, permis de stationner limités à 24 ou 48 heures, partenariat avec des campings pour proposer des tarifs accessibles.
La nouvelle réglementation de camping-cars pourrait bien aller dans ce sens. À condition qu’elle arrive vite et qu’elle soit claire, équitable. Car, à ce jour, chaque commune fait sa sauce. D’un village à l’autre, les règles changent. Une nuit tolérée ici, verbalisée là. Résultat : confusion totale, méfiance, tension. L’État, de son côté, commence à s’en mêler. Le débat prend de l’ampleur. Certains députés s’en emparent. Il est question d’harmonisation, d’un cadre national qui éviterait ces crispations locales. Pas gagné, mais lancé.
D’ici là, la saison 2025 pourrait bien être celle du grand flottement. À moins que les usagers ne se fassent entendre plus fort. Des collectifs de vanlifers appellent déjà à participer aux concertations, à faire pression sur les élus, à défendre une vision plus équilibrée. Parce que la nouvelle réglementation de camping-cars ne peut pas être écrite sans ceux qui vivent vraiment sur la route. Et parce qu’au fond, ce qu’ils demandent, ce n’est pas grand-chose : juste le droit de dormir, de vivre, sans avoir à se cacher.