Figure emblématique du sport automobile, Jochen Mass s’est éteint à 78 ans, laissant derrière lui une légende gravée dans l’asphalte.
Il y a des noms qui sonnent comme un souvenir, et d’autres comme une époque entière. Jochen Mass, c’est un peu les deux. Pilote au sang-froid légendaire, figure respectée sans jamais faire de bruit, il s’est éteint à 78 ans. Sa famille a partagé la nouvelle dimanche, via un simple message sur Instagram. Quelques mots pour dire l’essentiel : il n’est plus là. Une attaque cérébrale survenue en février aura eu raison de lui, malgré les soins, malgré les espoirs.
Jochen Mass, du tumulte de la F1 à la gloire du Mans
Quand il débarque en Formule 1 au début des années 70, Jochen Mass n’a pas encore la notoriété. Il a le coup de volant, la régularité, le calme. En 1973, il débute avec Surtees. L’année suivante, McLaren le repère. Il ne lui faudra pas longtemps pour s’imposer. Sa seule victoire en Grand Prix, c’est en Espagne, en 1975. Une course écourtée, assombrie par un accident tragique qui coûtera la vie à cinq spectateurs. Cette victoire, il ne l’a jamais vraiment célébrée.
Il ne chasse pas les titres, il trace sa route. 114 Grands Prix, 71 points, et toujours ce style sans éclats inutiles. À une époque où les circuits tuaient encore, il fait partie de ceux qui traversent les années, sans scandale, sans excès. Il inspire confiance. Ce n’est pas un frimeur, c’est un pilote.
En 1982, il raccroche le volant de F1, mais ne quitte pas la piste. L’endurance l’attire, il trouve chez Porsche un nouvel élan, un nouveau défi. Et là, il brille. Les 24 Heures du Mans, en 1989, restent son sommet. Il y a cette voiture, la Porsche 962C, belle comme un félin et rapide comme un éclair. Il y a la concurrence féroce, Jaguar, Mercedes… Et puis il y a lui, au volant, précis, tenace. Il gagne. Et ce jour-là, c’est une vraie victoire, sans drame, sans arrière-goût.
Durant sa carrière en endurance, il empile les victoires : 30 au total, deux places de vice-champion du monde, et toujours cette image de fiabilité. Jochen Mass, c’est le coéquipier idéal. Celui qu’on respecte, celui qu’on écoute.
Mort de Jochen Mass, une perte pour le monde de la course
Même après la compétition, il reste sur les circuits. On le voit dans des événements historiques, au volant de bolides anciens, toujours avec la même passion. Il ne joue pas la star. Il partage, il explique, il transmet. Installé depuis des années dans le sud de la France, il mène une vie simple. Pas de flonflons, juste un homme, une passion.
Ceux qui ont grandi avec le bruit des moteurs se souviennent aussi de son rôle, discret, mais réel, dans l’ombre de Michael Schumacher. À la fin des années 80, Mercedes mise sur une nouvelle génération. Jochen Mass est là, dans les paddocks, dans les briefings, dans les voitures. Il ne se prétend pas mentor. Pourtant, il est là, solide, posé, pour orienter, conseiller. Schumacher apprendra beaucoup à ses côtés. La mort de Jochen Mass, c’est aussi la perte d’un témoin précieux de cette époque charnière.
Ce n’était pas un homme de déclarations. Mais il avait cette façon d’incarner le sport sans le dire. La course comme un métier, la mécanique comme une langue, la trajectoire comme une signature. On l’aimait pour ça. Il appartenait à une génération de pilotes où l’élégance passait par le silence, et où le respect s’obtenait par l’exemple.
Un dernier hommage
Depuis l’annonce de la mort de Jochen Mass, les hommages affluent. Nürburgring prévoit un moment en sa mémoire. Les 24 Heures du Mans lui rendront aussi hommage, avec une minute de silence, un tour d’honneur, et peut-être même la présence de la Porsche 962C qu’il a menée à la victoire. Une dernière apparition pour cette voiture mythique, et pour celui qui l’a conduite avec autant de maîtrise.
Il laisse derrière lui bien plus qu’un palmarès. Il laisse une empreinte. Un souvenir partagé par ceux qui ont croisé sa route, en piste ou hors piste. La mort de Jochen Mass nous ramène à une époque où l’humain comptait plus que la machine. Où chaque virage pouvait être le dernier. Il l’a vécu avec une sobriété rare, une classe naturelle.
Aujourd’hui, il ne reste que le silence. Et les moteurs qui rugissent encore un peu en son nom. Jochen Mass n’est plus là, mais son sillage, lui, ne s’efface pas.