Avec son soleil garanti et ses prix doux, cette île grecque paradisiaque coche toutes les cases… sauf celle du surtourisme.
Sur les réseaux, elle semble parfaite. Ciel limpide, mer turquoise, petites maisons blanches accrochées à la falaise, cocktails givrés et soirées qui durent jusqu’à l’aube. Tout y est, en apparence. Zakynthos, perle ionienne, fait rêver sur écran. Mais une fois sur place, la réalité pique. L’île croule sous le poids de son propre succès. Le surtourisme, on en entend parler vaguement, mais ici, il prend corps, il s’impose. Et pour beaucoup, c’est la douche froide dès l’arrivée.
Surtourisme à Zakynthos : le rêve se transforme en expérience à fuir
Il fut un temps où venir ici signifiait s’évader. Aujourd’hui, c’est plutôt une épreuve de patience et de tolérance. L’île attire, oui. Mais elle déborde. Elle étouffe. Les chiffres sont presque irréels : 40 000 habitants pour… 6 millions de touristes en un an. Faites le calcul. C’est un ratio qui ferait tourner la tête à n’importe quel village. Résultat : embouteillages à n’en plus finir, plages à moitié privatisées où chaque centimètre carré est occupé par un transat loué à prix fort, musiques hurlantes jusque tard dans la nuit et files d’attente même pour commander une simple bouteille d’eau. Ce n’est plus une escapade, c’est une file d’attente géante sous le soleil.
L’étude publiée par Which?, une organisation de défense des consommateurs au Royaume-Uni, ne laisse aucun doute. En croisant plusieurs indicateurs : pression touristique, densité de nuitées, nombre total de séjours, Zakynthos décroche la première place. Une palme pas franchement enviable. Elle dépasse même des destinations pourtant déjà bien connues pour leurs débordements, comme l’Istrie croate ou Fuerteventura. Les habitants, eux, n’en peuvent plus. Et certains touristes non plus. Sur les forums, les mots sont durs : « piège à touristes », « impossible de respirer », « un enfer à ciel ouvert ». Et le plus frappant, c’est que ce ne sont pas des exceptions. Les avis négatifs se répètent, se recoupent. Le surtourisme à Zakynthos n’est plus une tendance passagère : c’est devenu le quotidien.
Des plages mythiques au bord de la saturation
Même les lieux emblématiques, ceux que tout le monde veut voir au moins une fois, sont devenus invivables. La plage du Naufrage, Navagio, star d’Instagram, en est l’exemple parfait. L’épave est toujours là, posée sur le sable, intacte. Le cadre reste magnifique. Mais pour s’en approcher en bateau, il faut patienter dans un flot incessant de touristes agglutinés sur les ponts, appareils photo dégainés, chacun prêt à dégainer son selfie à la seconde où la proue touche le sable. Et si vous optez pour la vue d’en haut, il faut marcher, attendre, patienter encore, dans une queue qui serpente le long de la falaise sous un soleil sans pitié. Ce qui, jadis, aurait été un moment suspendu, une carte postale vécue de l’intérieur, est devenu un parcours du combattant.
Là où l’on cherchait le calme, on trouve le bruit. Là où l’on rêvait d’authenticité, on tombe sur une succession de boutiques standardisées, de menus photocopiés en cinq langues, et sur une ambiance calibrée pour satisfaire tout le monde, et au final, ne plaire à personne. Le surtourisme à Zakynthos, c’est ça : une mécanique qui finit par broyer l’âme des lieux. Elle n’est pas seule. Santorin, Mykonos, Rhodes… toutes sont touchées. Mais ici, l’ampleur atteint un point de rupture.
Ce qui rend l’affaire encore plus triste, c’est que l’île a tant à offrir. Des eaux claires, des criques accessibles à pied, des villages perchés pleins de charme. Mais ils sont peu à peu étouffés par cette course au rendement, au volume, à la visibilité. Et au final, même les touristes en ressortent frustrés. Ils voulaient du rêve, ils trouvent la cohue. Le surtourisme en Grèce ne touche plus seulement les locaux, il revient frapper ceux-là mêmes qui l’alimentent.
Et si on regardait ailleurs ?
Ce qui est triste, c’est que ce n’est pas une fatalité. Il reste en Grèce, et ailleurs en Méditerranée, des coins superbes, encore préservés, où l’accueil est sincère, les ruelles respirent, et les plages ne sont pas un champ de transats numérotés. Mais pour ça, il faut changer ses réflexes. Arrêter de booker les destinations à la mode juste parce qu’on les a vues passer sur TikTok. Sortir des itinéraires tout tracés. Chercher l’inconnu, pas la confirmation d’une image mille fois vue.
Le surtourisme à Zakynthos est le résultat de nos choix collectifs. À force de vouloir vivre la même chose au même moment, on finit par écraser ce qu’on est venu chercher. On peut s’en émanciper. Mais ça commence dès maintenant, à la réservation. Reconsidérer Zakynthos, pas comme une interdiction, mais comme un avertissement. Une destination qui a perdu l’équilibre. Et qu’on ferait peut-être mieux de laisser souffler, un été ou deux.