Derrière un simple « désolé, mauvais numéro », une nouvelle arnaque téléphonique redoutable sème le piège, avec une fausse innocence.
Un message anodin, quelques mots polis et une tournure familière. « Désolé, je pensais écrire à mon cousin ». Ou « Tu viens bien aux obsèques demain ? ». Rien de bien inquiétant à première vue. Pourtant, derrière ces textos qui semblent n’être que de simples erreurs, se cache une arnaque au mauvais numéro qui s’est répandue à grande vitesse, notamment depuis les États-Unis. Et c’est tout sauf un hasard. Ces messages ont un objectif clair : obtenir une réponse. Car c’est là que tout commence. Une fois que vous mordez à l’hameçon, même juste pour dire « Mauvais numéro », vous ouvrez une porte qu’il sera difficile de refermer.
Arnaque au mauvais numéro : une mécanique bien rodée
Les escrocs n’ont plus besoin de s’introduire dans vos comptes bancaires par force. Il leur suffit d’amorcer une conversation, comme s’ils tissaient une toile. Leur terrain de chasse favori, ce sont les gens bien élevés. Ceux qui prennent le temps de répondre gentiment à un message erroné. Et c’est précisément le piège. Cette arnaque au mauvais numéro joue sur la bienveillance, pas sur la naïveté. On pense rendre service ou être courtois, on devient en réalité une cible qualifiée.
Une fois la discussion lancée, le ton reste toujours très chaleureux. L’inconnu vous remercie, puis rebondit sur un sujet bateau. Un compliment, une anecdote, une photo de chien, n’importe quoi qui fasse oublier qu’on ne connaît pas cette personne. Et rapidement, tout s’oriente vers de prétendus conseils en investissement, souvent en cryptomonnaies. C’est ce que signale la police de Gretna, en Louisiane, qui relaie les mises en garde du FBI : tout part d’une fausse erreur de numéro, et finit sur des pertes d’argent bien réelles. L’arnaque au mauvais numéro, ce n’est plus un simple SMS de spam, c’est une manipulation psychologique bien huilée.
Même un seul mot peut suffire à vous rendre « ciblable »
Ce que beaucoup ignorent, c’est que même une réponse brève « Vous vous êtes trompé de destinataire », peut suffire à causer des soucis plus tard. Ce simple accusé de réception prouve que le numéro est actif, qu’il y a quelqu’un derrière. Résultat : votre ligne entre dans des bases de données revendues à prix d’or entre escrocs. Vous devenez alors une cible prioritaire pour d’autres tentatives, parfois sous d’autres formes, parfois bien plus agressives. L’effet domino de l’escroquerie au mauvais numéro ne se limite pas à une seule conversation. Il peut vous suivre pendant des mois.
Et avec les progrès de l’intelligence artificielle, ces tentatives deviennent plus crédibles, plus localisées, plus sournoises. Les messages paraissent personnalisés, parfois même adaptés à votre fuseau horaire ou à des événements locaux. McAfee révèle qu’un Américain sur quatre a déjà reçu un SMS frauduleux de ce type. On est loin de l’arnaque bâclée avec trois fautes par ligne. Ici, tout est calibré. Si vous vous demandez pourquoi vous, pourquoi ce message, c’est probablement que vous êtes dans le collimateur d’une opération bien plus large qu’un simple texto.
Le seul vrai conseil, c’est celui qu’on a tous tendance à négliger : ne répondez pas. Jamais. Si vous recevez un message étrange d’un numéro inconnu, même poli, même inoffensif en apparence, ignorez-le. Bloquez si besoin. Une arnaque au mauvais numéro, c’est une embuscade qui commence toujours avec le sourire.