Fraude au compteur Linky : un ex-salarié d’Enedis jugé pour 400 interventions illégales en cinq ans

En cinq ans, il aurait trafiqué près de 400 compteurs : un ex-salarié d’Enedis au cœur d’un scandale Linky explosif.

À Bordeaux, un ex-salarié d’Enedis est accusé d’avoir trafiqué des centaines de compteurs Linky et jugé pour fraude.

 Ce qu’il a mis en place dépasse tout ce que les enquêteurs avaient vu jusque-là. Du jamais vu en termes d’arnaque électrique. Ce jeudi, un ancien technicien d’Enedis a été déféré devant le parquet de Bordeaux. La raison ? Soupçonné d’être au cœur de la plus grosse fraude au compteur Linky jamais élucidée en France. Pendant près de cinq ans, cet homme de 59 ans aurait en effet manipulé près de 400 compteurs.

Son objectif ? Faire chuter les factures d’électricité de ses clients, parfois jusqu’à 90 %. Le tout, évidemment, contre rémunération. En moyenne, 800 euros par opération. L’addition est d’ailleurs salée pour Enedis : plus d’un million d’euros de pertes estimées. Et pour le principal intéressé, environ 300 000 euros encaissés au passage. Pas mal pour un job parallèle mené dans l’ombre, loin des radars. Jusqu’à ce que tout remonte à la surface.

Fraude au compteur Linky : une mécanique bien huilée

Au début, personne ne soupçonne grand-chose. Les compteurs Linky, on les installe, on les oublie. Sauf qu’en Gironde, les pertes dites « non techniques » commencent à s’accumuler. Enedis voit les chiffres déraper. Pas des bugs, mais des écarts entre la consommation réelle et celle enregistrée. L’alerte est lancée en septembre 2024. Derrière ces anomalies, une technique assez simple mais diablement efficace : détourner la lecture du compteur grâce à un shunt, une sorte de dérivation qui fausse les mesures.

Résultat : l’usager consomme normalement, mais ne paie qu’une fraction de sa dépense. Pour certains commerces et foyers, la facture chute de 80 %, parfois même plus. C’est à ce moment-là que l’affaire prend une autre dimension. En réalité, ce n’est pas une poignée de petits bricoleurs du dimanche. C’est une opération structurée, avec un homme qui, visiblement, savait exactement ce qu’il faisait.

Les enquêteurs resserrent alors l’étau. Deux gardes à vue, en février 2025. Et un suspect qui passe rapidement aux aveux. Il ne nie pas. Il explique. Et il pose les chiffres. Il dit tout. Entre juin 2023 et septembre 2024, au moins 374 compteurs ont été trafiqués de sa main. Mais les autorités estiment que ça a commencé bien avant, depuis 2019. On parle là d’une fraude au compteur Linky continue sur plusieurs années, avec une fréquence quasi industrielle. À chaque intervention, une enveloppe, un virement. Des clients venus par bouche-à-oreille, parfois par réseaux sociaux. Un cercle discret, mais assez large pour que l’impact devienne massif.

Des biens saisis et un procès très attendu

Quand la justice met le nez dans ses comptes, elle ne tombe pas sur un train de vie luxueux, mais sur des signes qui trahissent l’ampleur des gains. Une BMW série 6. Une maison estimée à 730 000 euros à Saint-Aubin-de-Médoc. Un appartement à Argelès, un camping-car à 60 000 euros, et plus de 72 000 euros placés en assurance-vie et comptes bancaires. Tout est saisi. L’homme n’était pas connu de la police. Pas de casier, pas de précédent. Mais un schéma de fraude au compteur Linky si méthodique qu’il surprend jusqu’au parquet de Bordeaux. Pour eux, cette affaire est « la plus importante » jamais résolue sur ce terrain.

Le procès, initialement prévu ce 15 mai, a été reporté au 23 juin. Le prévenu reste sous contrôle judiciaire d’ici là. Il devra répondre d’« escroquerie au préjudice d’un organisme chargé d’une mission de service public pour l’obtention d’un paiement ou d’un avantage indu ». Une infraction lourde. Et cette dernière peut lui valoir jusqu’à sept ans de prison et 750 000 euros d’amende.

Une fraude qui coûte cher

Ce qui est en jeu dépasse le simple cadre de la triche individuelle. C’est la confiance dans tout le système Linky qui est en effet secouée. Ces compteurs étaient censés être sécurisés, inviolables, capables de signaler toute anomalie. Cette fraude au compteur Linky, révélée par un ancien de la maison, jette d’ailleurs une lumière crue sur leurs limites.

Et ce n’est peut-être que la première pièce du puzzle. Si un homme seul a pu orchestrer près de 400 interventions, combien d’autres cas restent encore sous le radar ? Combien ont profité du système sans se faire prendre ? Chez Enedis, on serre désormais les rangs. Des audits sont en cours. La traque aux autres cas de fraude au compteur Linky s’intensifie. Ce procès pourrait bien ainsi en déclencher d’autres. Aussi, remettre en question bien plus que le sort d’un seul homme.

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