Refuser le compteur Linky entraîne désormais un surcoût sur la facture d’électricité : à partir du 1er août, deux millions de foyers français devront payer pour maintenir un système obsolète, une décision qui divise et inquiète. »
Refuser un boîtier vert peut sembler anodin. Et pourtant, depuis peu, ce simple choix coûte de l’argent. Le débat autour du compteur Linky et le surcoût sur la facture d’électricité a franchi un nouveau cap, avec des conséquences bien concrètes pour deux millions de foyers encore réfractaires.
Certains y voient une forme de résistance tranquille, d’autres une décision purement pratique. Dans tous les cas, les compteurs traditionnels ont désormais un prix. Et pas seulement en termes d’obsolescence. Ce sont quelques euros par mois, facturés désormais sans exception, qui s’ajoutent à la note. Pas pour consommer plus, mais pour être resté fidèle à une ancienne technologie. Le message est clair : celui qui ne suit pas le mouvement paie. Littéralement.
Compteur Linky et surcoût sur la facture d’électricité
Depuis le 1er août, la tolérance est terminée. L’exception ne l’est plus. Un arrêt de la Cour de cassation a scellé la fin des discussions. Le compteur Linky et le surcoût sur la facture d’électricité sont désormais indissociables pour les foyers restés en dehors du programme. La loi, appuyée sur une directive européenne de 2009, exige un système de comptage intelligent pour mieux piloter la consommation à l’échelle nationale. Et à partir de là, tout refus est considéré comme une entrave à cette dynamique.
Les chiffres sont précis : 6,48 euros hors taxes tous les deux mois pour les clients qui continuent à transmettre leurs relevés manuellement. 10,62 euros pour ceux qui ne le font plus du tout. Multipliez, et vous obtenez entre 38 et 63 euros par an. Ce n’est pas une fortune. Mais c’est une pénalité symbolique, devenue bien réelle.
Noël Blin, lui, ne cède pas. Il l’a dit au micro de BFMTV, calmement, sans colère. Juste avec la fatigue de celui à qui on a mis trop de pression. Il a gardé son compteur classique, malgré les appels, les relances, les rendez-vous. Aujourd’hui, il paie un peu plus cher, tous les mois. Pas parce qu’il consomme davantage. Juste parce qu’il a dit non. Et ce non, désormais, a un prix fixe. Un surcoût automatique, intégré à sa facture.
Une pénalité déguisée, ou un vrai coût à compenser ?
Officiellement, ce supplément vise à compenser le coût du déplacement des techniciens. Un argument compréhensible, sur le papier. Un agent doit relever manuellement la consommation. Cela mobilise du temps, de l’essence, une organisation. Et face à 95 % de foyers équipés de compteurs communicants, la minorité restante devient plus coûteuse à gérer.
Mais ce n’est pas tout. Le compteur Linky et le surcoût sur la facture d’électricité ne relèvent pas que d’une question logistique. Il s’agit aussi d’un message institutionnel. En refusant le compteur intelligent, on refuse aussi le modèle de gestion basé sur la donnée en temps réel, la prédiction de la consommation, l’optimisation du réseau. La CRE, la Commission de Régulation de l’Énergie, le dit sans détour : ce choix freine la modernisation du système. Et dans un monde électrique en mutation, ce n’est plus soutenable.
Ceux qui espèrent échapper à la surfacturation devront le justifier. Il reste des recours. Rares, stricts. Le principal : fournir un certificat médical attestant d’une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Une démarche délicate, souvent marginalisée, et pas toujours prise au sérieux. Autre exception possible : l’impossibilité technique d’installer un compteur Linky. Là encore, les cas sont isolés. Autant dire que pour l’écrasante majorité des réfractaires, le surcoût s’installe dans la durée.
Une fracture énergétique déguisée ?
Derrière les chiffres et les décisions de justice, une autre réalité se dessine. Celle d’une transition technologique imposée, où le choix devient conditionné par le portefeuille. Le compteur Linky et le surcoût sur la facture d’électricité ne pénalisent pas seulement une posture. Ils créent une forme de fracture discrète. Entre ceux qui peuvent s’aligner sans sourciller, et ceux qui, pour des raisons diverses, techniques, financières, idéologiques ou sanitaires, ne le font pas.
Cette tension est d’autant plus forte que la communication autour du compteur Linky a longtemps manqué de clarté. D’un côté, on a vanté les bénéfices : relevé à distance, suivi en temps réel, détection des surconsommations. De l’autre, des inquiétudes ont été balayées un peu vite : ondes, pannes, dysfonctionnements, sécurité des données. Résultat : une méfiance durable, que certains ont vécue comme un harcèlement commercial.
Et aujourd’hui, on ajoute un coût. Pas massif. Mais régulier, programmé, implacable. Une manière de rendre le refus économiquement inconfortable. Et à terme, insoutenable ? Certains finiront par céder. D’autres tiendront bon, par conviction ou par principe. Quoi qu’il en soit, le compteur Linky n’est plus simplement un outil. Il est devenu un marqueur. Un symbole d’adhésion ou de résistance. Un révélateur de notre rapport aux technologies qui nous entourent.
Alors la question se pose : jusqu’où peut-on imposer une modernité si elle exclut ? Et à quel moment un progrès devient-il une contrainte ? Le compteur Linky et le surcoût sur la facture d’électricité, bien plus qu’un ajustement tarifaire, soulèvent une interrogation plus large sur la place qu’on laisse aux individus dans les transitions collectives.