Roland Garos 2025 : « Pourquoi je serre la main de Rybakina alors qu’elle est d’origine russe et née à Moscou ? Tout simplement parce qu’elle a changé de nationalité il y a des années, bien avant le début de la guerre et de l’invasion », lâche Svitolina

Elina Svitolina incarne une résistance silencieuse, mais ferme sur le court de Roland-Garros.

Depuis l’invasion russe, Elina Svitolina et les athlètes ukrainiens refusent fermement tout geste de paix envers leurs adversaires russes à Roland-Garros.

On ne joue pas pour faire plaisir à tout le monde, surtout quand la guerre est là, dans le cœur, à chaque match. Pour Elina Svitolina, Roland-Garros, c’est bien plus qu’un tournoi : c’est un engagement, un combat, un message puissant envoyé au monde, raquette à la main.

Une guerre en filigrane, jusque sur le court

Depuis le 24 février 2022, rien n’est vraiment comme avant pour les sportifs ukrainiens. Pas de place pour les gestes symboliques vidés de leur sens. Encore moins de poignées de main protocolaires avec ceux qui représentent le pays envahisseur. Elina Svitolina, fidèle à cette ligne de conduite à Roland-Garros, n’a jamais transigé. Et elle n’est pas seule : toute la délégation ukrainienne suit cette position avec une rigueur presque silencieuse, mais lourde de sens. Sur les réseaux, dans les conférences de presse, sur le court, chaque attitude est pensée, assumée, mesurée.

Quand le nom d’Elena Rybakina a été évoqué — joueuse née à Moscou, mais représentant aujourd’hui le Kazakhstan —, la réponse de Svitolina a été claire, sans détour. Rybakina a changé de nationalité bien avant que les bombes ne tombent. Ce n’est pas une manœuvre opportuniste. Ce n’est pas un effacement diplomatique. Et pour Svitolina, cela change tout. Elle cite aussi Daria Kasatkina, aujourd’hui Australienne, qui a pris position contre la guerre. Là, le respect revient et la main se tend. C’est une frontière morale, pas un simple drapeau.

Chez Svitolina, rien n’est laissé au hasard. Chaque mot, chaque posture, chaque décision sur le terrain a une résonance politique. Parce qu’à ses yeux, le sport ne peut plus être neutre quand l’Ukraine pleure ses morts. Parce qu’une victoire sur terre battue, c’est aussi une façon de faire exister son pays autrement que par les chiffres des bombardements.

Elina Svitolina à Roland-Garros, entre combat et transmission

À 30 ans, Elina Svitolina garde cette fougue dans le regard. Une intensité qu’on devine même après une défaite face à une Iga Swiatek en pleine maîtrise. Elle sourit en parlant de Gaël Monfils, son mari, qui, à 38 ans continue de briller. Elle admire, mais elle ne cherche pas à l’imiter. Pour elle, la carrière n’a pas besoin d’être interminable pour être riche. Elle voit plus loin. Elle parle de sa fille, de sa vie après le tennis. Pas comme une fuite, mais comme un choix, une envie.

Svitolina ne court pas après une longévité artificielle. Elle ne rêve pas de records de participation ou de titres à la chaîne. Elle veut simplement, tant qu’elle est là, laisser une trace, une vraie. Le regard qu’elle porte sur son avenir est honnête. Pas de faux-semblants. Elle ne se voit pas s’éterniser sur le circuit. Elle veut d’autres enfants, une vie plus calme, loin des valises à faire et à défaire, des hôtels impersonnels, de la solitude des tournois.

Ce qu’elle a déjà construit en dehors des courts est solide. Et c’est là que réside une autre forme d’équilibre. Une maturité rare. Elle ne joue pas parce qu’elle n’a rien d’autre. Elle joue parce qu’elle y croit encore. Parce qu’il reste des combats à mener, des titres à viser, des victoires à savourer. Mais elle sait que tout cela a une fin. Et elle l’accueille avec une forme de sérénité presque inspirante.

Derniers défis, derniers rêves

Même si l’échéance à Roland-Garros approche, Elina Svitolina continue de viser haut. Elle ne joue pas pour faire de la figuration. Le rêve de soulever un trophée en Grand Chelem est toujours bien vivant. Celui de redevenir numéro 1 aussi. Et elle y met tout ce qu’elle a. La joueuse ne parle pas d’exploits ou de miracles. Elle parle de travail, de patience, de lucidité.

La jeune femme a connu les demi-finales à Wimbledon, à l’US Open. Elle sait ce que c’est, d’être tout près, de sentir que ça peut basculer. Et aujourd’hui encore, elle sent qu’elle n’est pas loin. Son retour après sa grossesse n’a rien eu d’évident, mais elle ne s’est jamais plainte. Elle s’est battue, avec humilité et constance. Et cette saison sur terre battue, elle l’a vécue comme un renouveau. 16 victoires en quatre tournois. Ce n’est pas un hasard.

Elle sait où elle pêche encore. Elle n’idéalise rien. Quelques détails à ajuster, un peu plus de constance sur les moments clés, un brin de réussite parfois… Elle en est consciente. Mais elle ne doute pas. Parce que si elle doutait, elle serait déjà ailleurs. Elle l’a dit, sans détour : si elle n’y croyait plus, elle serait chez elle, avec sa fille, à construire sa nouvelle vie. Pas sur le Central, à s’arracher sur chaque point.

Pour Elina Svitolina, Roland-Garros, c’est une histoire d’amour et de courage. Un dernier chapitre peut-être, mais pas encore refermé. Elle a encore quelque chose à dire. Et elle le dira en frappant fort.

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