« Je vais pousser mon coup de gueule mais quel spectacle déplorable. On se plaint quand il n’y a pas de Français ou Française en deuxième semaine et quand on en a une, il n’y a personne pour l’accueillir », dénonce Matthieu Lartot

Pendant le match de Loïs Boisson à Roland-Garros, Matthieu Lartot a lâché un coup de gueule que beaucoup de fans attendaient.

Pendant le match de Loïs Boisson à Roland-Garros, Matthieu Lartot a lâché un coup de gueule que beaucoup de fans attendaient.

Elle a fait vibrer Roland-Garros, seule contre toutes, et presque dans le silence. Sur le central de la Porte d’Auteuil, il se passe parfois des choses inattendues. Des histoires qu’on n’avait pas vues venir, des visages inconnus qui se gravent dans la mémoire du public en l’espace de quelques matchs. Loïs Boisson à Roland Garros, c’est exactement ça. Une joueuse que personne ou presque ne connaissait début mai, et qui, en l’espace de dix jours, est devenue une sorte de symbole. Celui d’une combativité brute, d’un talent encore brut, et d’un parcours qui restera dans les livres. Mais pas seulement pour ses coups droits supersoniques ou ses victoires surprises. Aussi pour un sentiment plus amer : cette impression persistante qu’on ne sait plus vraiment soutenir nos propres héroïnes quand elles en ont le plus besoin.

Loïs Boisson : le tournoi d’une vie…

Le 8ᵉ de finale entre Loïs Boisson et Jessica Pegula, numéro 3 mondiale, à Roland-Garros, aurait dû être un événement. Ce ne l’était visiblement pas pour le public parisien. À l’antenne de France Télévisions, Matthieu Lartot n’a pas mâché ses mots. Un court Philippe-Chatrier à moitié vide pour accueillir la dernière Française en lice ? Pour lui, c’était « déplorable ». Il a raison. Il y avait là un moment à vivre ensemble, une ambiance à créer, un élan à donner. À la place, le vide, ou presque.

Loïs, elle, n’a pas flanché. Elle a joué son match, tenu tête, frappé fort. Et surtout, elle a montré ce qui fait la différence entre une joueuse qui subit sa chance et une joueuse qui la provoque. Ce n’est pas un « miracle », a-t-elle dit en conférence de presse. C’est le fruit d’un boulot énorme et d’un mental que peu de jeunes joueuses peuvent revendiquer. Gérer les temps faibles, tenir sous pression, encaisser des balles dures et des moments flous : tout ça, elle l’a fait. Sans le soutien qu’elle aurait mérité. Ce qui rend son exploit encore plus impressionnant que jamais.

Quand le rêve s’arrête, mais que l’histoire commence

Face à Coco Gauff, Loïs Boisson n’a pas trouvé la clé en demi-finale. C’est parfois aussi simple que ça. L’Américaine a étouffé le match, l’a verrouillé de bout en bout. Jeu long, appuis solides, aucune faille laissée à exploiter. Boisson n’a pas pu appuyer sur le revers, ni percer la carapace tactique du numéro 2 mondial. Et petit à petit, on l’a sentie s’éteindre. Non pas physiquement, mais comme si les doutes prenaient le dessus, l’envahissaient, la coupaient du fil de son propre jeu.

Mais ce n’est pas cette défaite qui compte. Ce qu’on retiendra, c’est qu’elle a fait exploser les compteurs, bouleversé les codes. On parle ici d’une joueuse classée 361ᵉ mondiale, qui n’avait gagné qu’un seul match sur le circuit principal avant ce tournoi. Elle a traversé une blessure au genou en début d’année. Elle s’est battue pour revenir, et a bousculé les têtes de série comme si elle faisait ça depuis toujours. En quelques jours, Loïs Boisson est devenue la première wild card à atteindre une demi-finale à Roland-Garros. Pas mal, non ?

Et ce n’est que le début. Lundi, elle grimpera au classement WTA comme jamais auparavant. Elle deviendra la meilleure joueuse française du circuit. Et surtout, elle aura gagné quelque chose d’encore plus rare : la légitimité. Plus personne ne pourra dire qu’elle n’a rien à faire là. Son nom est inscrit, désormais, parmi les surprises qui comptent.

Une ascension et un manque de reconnaissance

Il reste une question gênante : pourquoi Loïs Boisson a-t-elle été si peu soutenue à Roland-Garros ? Pourquoi tant de sièges vides pendant ses matchs ? Pourquoi si peu d’écho médiatique avant que l’exploit devienne trop gros pour être ignoré ? Ce n’est pas juste une question d’image ou de « buzz ». C’est une vraie faille dans notre rapport au sport, à la découverte, à la relève. On s’indigne quand nos joueuses n’avancent pas dans les tournois majeurs, et quand l’une d’elles fait un parcours insensé, on l’abandonne au silence.

Cette fois, c’est une wild card qui a réveillé Roland-Garros. Une gamine qui n’a pas demandé la permission. Qui est arrivée avec son jeu, sa fougue, son histoire, et qui a forcé les portes. Loïs Boisson, ce n’est pas qu’un joli coup d’éclat. C’est une piqûre de rappel. Oui, il y a du talent. Oui, il faut le soutenir. Eh oui, il faut être là, quand ces histoires rares se jouent sous nos yeux. La raison est simple : elles ne se répètent pas si souvent.

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