« Avant, je dormais sur la terrasse » : les Indiens se ruent sur les climatiseurs, ils en achètent déjà trois fois plus que les Américains

Quand le thermomètre ne redescend plus, quand l’air devient irrespirable même la nuit, on ne parle plus de confort, on parle de survie au quotidien.

La vague de chaleur en Inde en 2025 bouleverse tout. Des millions de familles n’ont plus le luxe d’attendre ou d’endurer : elles s’équipent.

Vague de chaleur en Inde en 2025 : étouffer sous 49 degrés 

L’air semble suspendu. Pas une brise, pas un souffle. Juste cette chaleur épaisse qui colle à la peau, qui ralentit tout, jusqu’aux pensées. Dans certains quartiers de Delhi, tout le monde se sent comme dans un four. Bienvenue dans l’été indien version 2025, où la vague de chaleur en Inde n’est plus juste un phénomène météo. Mais un quotidien qui écrase les corps, les esprits, les habitudes.

Les chiffres, on les lit partout. Des températures qui dépassent 45 °C presque tous les jours, des records battus chaque semaine, et cette barre fatidique des 49,2 °C atteinte à nouveau en mai. Il ne s’agit plus de vagues passagères. Il s’agit d’une nouvelle normalité. C’est un climat qui pousse les gens à revoir leur manière de vivre, de dormir et de respirer. Ceux qui le peuvent se réfugient dans des pièces fermées, ventilées. Ceux qui le peuvent encore un peu plus s’équipent d’un climatiseur. Et les autres ? Ils subissent, souvent en silence, avec un ventilateur poussif ou un vieux refroidisseur d’air bricolé dans un coin de la pièce.

Climatiseurs en rupture de stock, énergie en rupture de souffle

Dans les rues de New Delhi, les magasins de clim sont pris d’assaut. Chez Imperial Refrigeration, on ne compte même plus les cartons empilés à l’entrée. Les appareils partent aussi vite qu’ils arrivent. Les modèles les plus abordables s’arrachent, les clients patientent parfois dehors, en plein cagnard, juste pour avoir une chance d’en ramener un à la maison. Et le phénomène n’est pas anecdotique. Le marché explose. L’Inde, frappée par la vague de chaleur en 2025, est aujourd’hui le pays où la croissance des ventes de climatiseurs est la plus rapide au monde.

14 millions d’unités vendues en 2024. On parle du double d’ici cinq ans. Ce ne sont plus des produits de luxe. Ce sont devenus des outils de survie, même dans les foyers les plus modestes. Aarti Verma, commerciale à Delhi, a sauté le pas. Son appartement, deux pièces sans prétention dans un quartier populaire, en est désormais équipé. Elle a économisé pendant des mois, versé un acompte, s’est engagée sur des mensualités. Elle aurait pu acheter de l’or, dit-elle en riant. Mais elle a choisi de pouvoir dormir, tout simplement.

Et pour que ces millions de machines tournent, il faut de l’électricité. Beaucoup. L’Inde, encore largement dépendante du charbon, consomme déjà plus d’un milliard de tonnes par an. Tripler la capacité énergétique devient un impératif, sauf qu’on parle d’un pays qui est déjà le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre. Le paradoxe est cruel : plus on cherche à se rafraîchir, plus on alimente le réchauffement. Et plus on chauffe… plus on cherche à se rafraîchir.

Un cercle vicieux qui se referme

Le réfrigérant contenu dans les climatiseurs n’est pas neutre. Lorsqu’il fuit et dans une ville comme Delhi, avec sa pollution ambiante, c’est fréquent, il accélère encore l’effet de serre. Les appareils rejettent aussi de l’air chaud à l’extérieur, ce qui, en pleine ville, peut faire grimper la température ambiante d’un à deux degrés. La vague de chaleur en Inde en 2025 n’est pas simplement un fait naturel. Elle est aggravée par les outils mêmes qu’on utilise pour s’en protéger.

Les experts tirent la sonnette d’alarme. L’ONU-Environnement évoque un futur où la climatisation pourrait représenter jusqu’à un quart des émissions de CO2 du pays. Une situation qui, à terme, deviendrait intenable si aucun plan sérieux de transition énergétique ne voit le jour. Pour l’instant, l’Inde n’a pas adhéré à l’Engagement mondial pour le refroidissement. Les technologies plus propres existent, mais elles coûtent plus cher, et la demande explose plus vite que l’industrie ne peut se transformer.

Dans les grandes villes, on voit arriver les modèles réversibles, réglés automatiquement à 24 °C pour limiter la consommation. C’est déjà ça. Les notations énergétiques sont devenues obligatoires, et les consommateurs, peu à peu, s’y intéressent. Mais pour beaucoup, le choix se résume encore à : clim ou pas clim. Pas clim « verte », pas clim « efficace ». Juste clim, ou sueur.

Vague de chaleur en Inde en 2025 : vivre, ou juste survivre ?

Quand on demande à Aarti pourquoi elle a fait cet achat, elle ne parle pas de confort. Elle parle de survie mentale. D’apaisement. De ces nuits où son fils se réveillait en pleurant, incapable de dormir à cause de la chaleur. Elle ne parle pas d’un achat plaisir. Elle parle d’un acte de soulagement. Et elle n’est pas seule.

La vague de chaleur en Inde en 2025 est en train de redéfinir ce que les gens considèrent comme vital. Le sommeil. La respiration. La possibilité de rester chez soi sans tomber malade. C’est ça, maintenant, le luxe. Plus qu’un téléphone ou un bijou. Une température stable. Un endroit où le corps n’a pas besoin de lutter en permanence.

Ce que révèle cette crise, c’est aussi l’inégalité climatique. Tous ne vivent pas la chaleur de la même manière. Ceux qui travaillent dehors, les enfants, les personnes âgées, les malades chroniques… ce sont les premiers à tomber. Et les premiers à être oubliés quand il s’agit d’adaptation.

Il faudra bien, un jour, sortir du cycle. Penser autrement la ville, le logement, l’énergie. Trouver des solutions qui refroidissent sans réchauffer encore plus. Parce que si l’Inde continue à vivre vague de chaleur après vague de chaleur, la clim ne pourra pas être la seule réponse. Et elle ne pourra jamais être une réponse équitable.

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