C’est aberrant  : des habitants du Haut-Rhin en colère après la suppression de la boîte aux lettres de La Poste

Entre incompréhension et frustration, cette décision radicale remet en cause l’accès quotidien au courrier, un pilier pourtant essentiel dans des territoires ruraux où chaque boîte aux lettres compte.

La suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin divise et rebelle les habitants, confrontés à une perte de praticité et à un symbole d’abandon du service public par La Poste.

Un matin, elle n’était plus là. La boîte jaune, celle qu’on apercevait en passant, adossée au mur comme un repère tranquille. Disparue. Juste un vide. Et pour les habitants d’Altenbach, ce vide-là est loin d’être anodin.

C’est le genre de petit détail qu’on ne remarque plus… jusqu’à ce qu’il manque. Une boîte aux lettres, dans un village perché dans les Vosges, ce n’est pas juste une boîte. C’est un lien, une possibilité, une présence. En ce début d’année, une simple affiche municipale a mis des mots sur ce que certains redoutaient depuis un moment : la suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin est bel et bien lancée. Et ce n’est pas un cas isolé. Ce qui se joue là, derrière cette boîte enlevée, dépasse de loin le cadre d’un service devenu « moins utile ».

Suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin : un effacement discret, mais brutal

La Poste l’a acté sans détour : la boîte aux lettres d’Altenbach, unique point de dépôt pour ses 70 habitants, ne sera pas remplacée. Plus de courrier à poster ici. Et même si le facteur passe encore, il ne s’arrête plus. Parce qu’il n’y a « plus assez de lettres » et le courrier chute. Car il faut optimiser. La suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin s’appuie sur des chiffres, des moyennes, des courbes. Mais à qui parlent ces courbes ?

Ici, dans cette vallée où la voiture n’est pas une évidence pour tout le monde, où l’on vieillit parfois loin de ses enfants, où l’on écrit encore des lettres, envoyer son courrier devient une épreuve. Le village voisin, à quelques kilomètres, prend soudain des allures de périple. Pour certains, ce sera faisable. Pour d’autres, non. Ce genre de changement ne se voit pas toujours immédiatement, mais il creuse. Il isole, lentement. Il retire une petite brique du sentiment d’appartenir à un collectif.

Et c’est ça qui dérange le plus, peut-être. Le fait de ne pas avoir été consulté. D’apprendre, sur une affiche, que quelque chose de familier a été retiré sans un mot. Comme si ça ne méritait pas de discussion. Comme si ça ne comptait pas. Et pourtant, la suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin, ce n’est pas juste une décision logistique. C’est une manière de redessiner les priorités. De dire, sans le dire, que certaines zones ne sont plus jugées « rentables ».

Le service public au compte-gouttes : entre logique économique et vécu local

Quand on interroge les habitants, ce n’est pas tant la fin du courrier papier qui les préoccupe. Ils savent bien que les e-mails ont remplacé les lettres, que les démarches sont désormais numériques, que le monde a changé. Ce qu’ils regrettent, c’est la disparition d’un symbole. D’une attention. D’un service minimum. Marc, retraité du village, continue à envoyer des cartes, des papiers administratifs, quelques chèques. « Trois à cinq fois par semaine », dit-il. Pour lui, ce n’est pas une nostalgie, c’est un besoin. Et l’obligation d’aller poster ailleurs devient une contrainte pesante. Pas insurmontable, mais injuste.

Ce qui est frappant, dans cette suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin, c’est la manière dont elle se répète, se propage. Boîte après boîte, village après village. Et toujours la même justification : « il n’y a plus assez de courrier ». Ce qui n’est pas faux. Le volume de lettres en France est passé de 18 à 5 milliards en 15 ans. Mais faut-il pour autant supprimer tous les points d’accès ? Faut-il vraiment tout recentrer, même dans les territoires où le lien physique reste essentiel ?

La Poste assure que les habitants peuvent toujours confier leur courrier au facteur. En théorie, c’est vrai. Mais dans les faits, encore faut-il oser. Encore faut-il être là au bon moment, connaître l’agent, avoir le réflexe. Ce n’est pas équivalent à une boîte fixe, accessible à tout moment. Et cette solution, censée compenser, sonne parfois comme une concession de façade. Pas comme une alternative sérieuse.

Ce qui est inquiétant, dans ce mouvement, c’est la discrétion avec laquelle il s’opère. Peu de bruit. Pas de débat national. Juste une disparition progressive. On retire la boîte, on efface la trace, on passe à autre chose. Mais les habitants, eux, ne passent pas aussi vite. Ils sentent que quelque chose s’éloigne. Encore.

Entre nostalgie et résistance : redonner du sens à la proximité

Ce que racontent Altenbach et ses voisins, c’est peut-être une chose toute simple : tout ne se mesure pas en flux, en volume ou en courbe. La suppression des boîtes aux lettres en Haut-Rhin met en lumière un paradoxe criant. On parle sans cesse de proximité, de lien social, de revitalisation des campagnes. Mais dans les actes, on délite. On rationalise. On applique la même grille de lecture partout, sans se demander ce que représente un service dans un village reculé comparé à une grande agglomération.

La boîte aux lettres, ce n’était pas juste un outil. C’était un repère. Elle signalait qu’ici aussi, on était relié. Qu’on pouvait écrire, envoyer, recevoir. Qu’il y avait encore une connexion physique au reste du pays. La faire disparaître, c’est couper un fil. Et ce fil-là, même s’il semble mince, tenait encore beaucoup de choses ensemble.

Alors non, ce n’est pas un drame. Mais c’est un signal. Un de plus. Une goutte qui s’ajoute au reste : la fermeture de la petite gare, du bureau de poste, de l’épicerie, du bistrot. Chaque fois, on nous explique que c’est logique. Que c’est le progrès. Que c’est inévitable. Mais on oublie de dire ce qu’on perd. Ce qu’on efface.

Altenbach n’est qu’un exemple parmi d’autres. Mais il cristallise un malaise plus large. Celui d’une France périphérique à qui l’on demande de se débrouiller toujours un peu plus seule. Et si on commençait par écouter, vraiment ? Pas seulement avec des chiffres. Avec une attention, une présence. Comme ces vieilles boîtes jaunes, silencieuses, mais rassurantes, qui veillaient sur nos villages. Pas besoin d’en faire des monuments. Juste de ne pas les effacer sans prévenir.

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