La fermeture de plusieurs magasins Auchan en Espagne marque un nouveau coup dur pour le groupe. 25 points de vente fermés et 700 postes supprimés, une décision qui sème l’inquiétude après le récent plan social en France. Quelques mois seulement après avoir annoncé des restructurations en métropole, cette cascade de suppressions d’emplois interroge sur la stratégie du géant de la distribution et son impact sur les salariés.
Ce jeudi 8 mai, c’est l’Espagne qui a été touchée. Vingt-cinq supermarchés vont tirer le rideau, emportant avec eux plus de 700 emplois. La direction justifie, tente d’expliquer. Le marché change, dit-elle. Les consommateurs n’achètent plus comme avant. Ils veulent de la pratique, du rapide, du proche. Traduction : les grandes surfaces mal situées ou mal intégrées dans le nouveau paysage commercial ne rentrent plus dans les clous. On parle de « transformation », de « nouveau modèle », de « croissance durable ». Mais pour ceux qui voient leur emploi s’éteindre avec le néon de leur magasin, les mots ne suffisent pas.
Nouvelle vague de la fermeture de plusieurs magasins Auchan en Espagne
À peine deux ans après avoir racheté à Dia un réseau de 224 magasins, Alcampo, la branche espagnole du groupe Mulliez fait machine arrière sur une partie du projet. Un quart de ces nouveaux points de vente passe à la trappe. Ils étaient censés renforcer la présence d’Auchan sur la péninsule ibérique. Finalement, ils plombent les comptes. Ce sont eux qui seront les premiers à disparaître.
Les magasins en question, selon la direction, ne cadraient tout simplement pas avec « le modèle ». Comprendre : mal placés, peu rentables, trop éloignés des habitudes de consommation actuelles. Le groupe assure que cette fermeture de plusieurs magasins Auchan s’inscrit dans une stratégie d’adaptation. S’adapter à quoi ? À une époque où l’on privilégie les petites surfaces, les magasins de proximité, les services rapides, quitte à sacrifier ce qui faisait autrefois la force des enseignes comme Auchan : la surface, le choix, les prix cassés.
Pour les 710 personnes concernées, c’est tout sauf une formule de stratégie. C’est une rupture. Le syndicat CCOO, qui a été informé du plan, essaie de limiter les dégâts. Il parle de « conditions acceptables » pour les départs, de tentatives de reclassement. Mais la réalité, c’est que ces fermetures sonnent le glas pour de nombreuses carrières. Des vendeurs, des caissiers, des responsables de rayon, tous absorbés dans une logique de « recentrage », expression bien connue de ceux qui voient leurs magasins disparaître.
Une nouvelle qui ne touche pas que l’Espagne
Ce genre de scénario, on le connaît en France aussi. À la fin de 2024, c’étaient 2 400 postes qui étaient sur la sellette, après un autre plan social de grande ampleur. Là encore, la direction évoquait des adaptations nécessaires, une réponse au marché. En coulisses, on parlait surtout de chiffres qui ne suivaient plus, de courbes de vente qui s’érodaient mois après mois. Le groupe Mulliez, malgré son envergure, ne parvient plus à masquer ses difficultés.
Ce qui frappe, dans cette nouvelle vague de la fermeture de plusieurs magasins Auchan, c’est qu’elle touche un projet tout neuf. Le rachat des magasins Dia était censé redonner un coup d’élan à la marque, asseoir sa présence, relancer la machine. Deux ans plus tard, une partie de l’investissement est jetée aux oubliettes. Le message est clair : même les plans à peine lancés peuvent être abandonnés si les résultats ne sont pas là.
On pourrait penser que cette logique est celle de toute entreprise qui cherche à survivre. C’est vrai. Mais il y a, derrière, une mécanique qui interroge. Acheter pour fermer. Croître pour mieux se réduire. Et au passage, évacuer des centaines de salariés. Ces annonces, froides et techniques, masquent souvent la violence sociale qu’elles entraînent. Pour chaque magasin qui ferme, c’est une équipe qui se disperse, des habitudes qui s’arrêtent, une communauté locale qui perd un repère.
Un groupe en tension, une stratégie à bout de souffle
Cette fermeture de plusieurs magasins Auchan ne tombe pas du ciel. Elle reflète une fatigue plus profonde. Le groupe Mulliez est en difficulté, et cela ne date pas d’hier. Face à l’essor du commerce en ligne, à la montée des enseignes de hard discount, aux changements d’habitudes de consommation, Auchan peine à redéfinir son identité. Le format hypermarché ne fait plus rêver. Le low-cost pur a été pris par Lidl, Aldi, et même Leclerc sur certains segments. L’innovation ne suffit pas. Les virages sont mal négociés.
Le discours officiel reste le même : il faut se transformer, se réinventer, coller aux nouvelles attentes. C’est le mot « transformation » qui revient le plus souvent. Comme s’il suffisait de bouger les meubles pour relancer la machine. Mais cette transformation, pour l’instant, ressemble surtout à une réduction. Réduire la voilure, réduire les surfaces, réduire les effectifs.
Et tout ça sans vraiment dire où l’on va. Car pour les salariés, les clients, les partenaires, l’objectif reste flou. Que veut devenir Auchan demain ? Une enseigne de proximité ? Une marque omnicanale ? Un concurrent de Carrefour ou une version chic de Lidl ? Pour l’instant, la seule certitude, c’est que les magasins ferment. Et que d’autres suivront peut-être.
La fermeture de plusieurs magasins Auchan n’est pas qu’un fait divers économique. C’est un symptôme. Celui d’une grande marque qui n’arrive plus à se réinventer assez vite. Qui essaie de colmater les brèches en sacrifiant des morceaux de son réseau. Mais qui n’a pas encore trouvé la nouvelle forme qui lui permettra de durer.